mardi 28 décembre 2010

Compte-rendu de la conférence sur Les valeurs de la Biodiversité

Pour terminer le cycle de conférences grand-public sur la biodiversité, la ville de METZ a invité le 15 décembre dernier Jean-Marie PELT, pharmacien agrégé, botaniste-écologiste et fondateur de l’Institut européen d’écologie (I.E.E). Comme nombre de lecteurs le savent, ce dernier est un éminent conférencier et fervent défenseur de la biodiversité et de ses valeurs. Il nous l’a encore prouvé en animant une conférence (« les valeurs de la biodiversité ») à laquelle nous ne pouvions pas manquer d’assister. Chers amis écologistes, nous vous souhaitons une agréable lecture !


« Les philosophes de tout temps ont toujours prôné avec insistance l’unicité du phénomène vivant et par là même le caractère unique de la vie. En réalité, la vie est fortement diversifiée, elle est bio-diverse ». C’est en ces termes que Jean-Marie PELT a introduit son thème. Puis il a levé le doute quant à la croyance ancienne en l’immortalité des espèces (on entend par « espèce » la faune, la flore et les humains). C’est faux, les espèces sont mortelles. Notre espèce (les humains) est très jeune (environ 200 000 ans) et nous sommes les seuls à pouvoir nous « supprimer » via le suicide. Pour terminer son introduction, il a déploré le fait que l’érosion de la biodiversité (perte des espèces) soit de plus en plus importante : il y a 60 ans, on dénombrait 120 000 tigres, ils ne sont plus que 3 200 aujourd’hui. D’après les chiffres de l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature (U.I.C.N), on recense actuellement 1 141 espèces de mammifères menacés et c’est la sixième extinction dont l’Homme est entièrement responsable !

Comment fait-on pour exterminer les espèces ?

Telle est la question posée par le conférencier et à laquelle il a donné quelques éléments de réponse.

On déboise les forêts du monde entier, on draine les zones humides, on se lance dans de grands travaux de génie civil qui modifient et séparent les milieux. Les animaux ne peuvent donc plus se nourrir ! Pire, on utilise des pesticides depuis plus de 70 ans. L’utilisation massive de ces derniers tue les fleurs sauvages.

Les conséquences de cette utilisation massive de pesticides ? En moins de 50 ans, 30 à 40% des abeilles ont disparu. C’est dû au fait que ces dernières, qui se nourrissent généralement sur des plantes à fleurs, doivent se reporter sur le pollen et le maïs. Cependant, ces « aliments » sont mauvais pour elles, leur immunité baisse, elles sont donc encore plus sensibles aux pesticides. Elles meurent donc progressivement et leur mort est dangereuse pour l’espèce humaine. En effet, elles sont les agents de la pollinisation. Sans elles, il n’y aurait plus de fruits et légumes !

Cela aurait de graves conséquences pour l’espèce humaine. En effet, les fruits et légumes empêchent la prolifération de « molécules anti-radicaux libres » (molécules très corrosives qui se fixent dans les cellules et les tissus, et qui sont responsables du vieillissement de la peau et des maladies dégénératives telles la maladie d’Alzheimer, de Parkinson ou encore le cancer). Le mieux serait de manger des fruits et légumes bio.

Qu’est-ce que la biodiversité et quelles sont ses valeurs ?

Après avoir constaté avec amertume l’érosion exponentielle de la biodiversité, Jean-Marie PELT nous a expliqué que la biodiversité est une chaîne de causes à effets qui produisent à nouveau des causes et des effets, et ainsi de suite. La plus connue de toutes est la chaîne alimentaire dans laquelle les espèces qui la composent se mangent les unes les autres. Elle corrobore non seulement la loi de la jungle de Darwin (« mangeons-nous les uns les autres ») mais elle a eu pour conséquence une vision pessimiste de la nature. Elle en a malheureusement fortement marqué la société. Marx a vu en elle la justification de la lutte des classes et les libéraux en ont vu la concurrence à outrance. La nature et la société se livrent une féroce compétition. La compétitivité est au XXIème siècle le maître mot de l’espèce humaine. Il faut être le meilleur, dominer les autres et ne pas hésiter à les écraser le cas échéant.

Face à ce constat amer, l’honneur de l’écologie est d’avoir montré qu’il n’y a pas que de la compétitivité ! Tout simplement car la nature s’est régulée, contrairement à l’économie qui ne sait pas le faire. Tout le monde n’a pas mangé tout le monde.

Les valeurs de la biodiversité et de l’écologie sont le PARTAGE, la SOLIDARITE, l’EQUITE, la SOBRIETE  et le LIEN  à la NATURE. Les ressources de la planète sont tout sauf réparties de façon égale entre tous les habitants du monde. Dans quelques années, il n’y aura plus de mines en France. ¼ des Européens vivent en dessous du seuil de pauvreté ! Supprimons donc le futile, le superflu et faisons en sorte de pouvoir manger, aimer et être aimé. Tels sont les besoins primaires indispensables à notre survie. Suivons la règle d’or des Grecs : « Ne fais pas aux autres ce que tu ne veux pas que l’on te fasse » et, par « les autres », il n’est pas seulement question des êtres humains, mais également des animaux, des plantes …

En conclusion, nous devons acquérir une nouvelle sensibilité, nous devons admettre qu’il y a de la biodiversité autour de nous et qu’il faut l’apprivoiser. Nous Il nous faut aussi témoigner de la fraternité envers les autres espèces qui vivent autour de nous. Nous sommes agressifs, cupides, méchants et avides de bien matériels. Un simple exemple : 1 900 milliards de dollar sont investis chaque année dans l’armement.

Cela fait 2 000 ans que l’on dit « Aimez-vous les uns les autres » mais cela ne fonctionne pas, tout simplement parce que nous n’avons jamais essayé. Rêvons d’un monde dans lequel il n’y aurait plus de guerres, plus de chômage, plus d’humains morts de faim … Ce serait formidablement différent …

Après avoir lu ce compte rendu, on pourrait se poser cette question :

L’humanité va-t-elle se détruire ?

Eh bien non … Pas si l’on invente une « civilisation de l’amour »…

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